19 Oct, 2020

Aaron Rosenthal : " C'est cette discorde autour d'un risotto blanc qui lance le film"

19 Oct, 2020

Aaron Rosenthal : " C'est cette discorde autour d'un risotto blanc qui lance le film"

BY The editors

Aux côtés de Tamir Nahmias et de Tiphaine Bailly, dans le savoureux restaurant méditerranéen ADAR, situé dans le passage des Panoramas, Aaron Rosenthal ( ex-SEPTIME) est devenu l’un des chefs les plus en vue de la capitale. Deuxième invité de l'événement «  Le goût du cinéma », une collaboration gourmande Fulgurances X l’Entrepôt autour de la gastronomie et du cinéma, il revient sur une soirée immortalisée par un savoureux timpano cinématographique.  

Vous étiez le deuxième chef invité à l'entrepôt dans le cadre de « Le goût du cinéma », un programme organisé en partenariat avec le collectif Fulgurances. Quel est le film que vous avez choisi de projeter et pourquoi?

Aaron Rosenthal : Pour cette soirée, j’ai choisi de projeter Big Night de Stanley Tucci. En fait, moi, je suis américain et je suis aussi issue d’une famille d’origine italienne. Et ce film m’est venu comme une évidence parce la cuisine que j’ai choisi de faire ce soir-là était la cuisine de ma famille. Mais un peu revisité. 

Par ailleurs, c’était important pour moi de recréer et de retrouver cette ambiance conviviale et familiale qu’il y a dans le film de Tucci. Ce truc très italien et très proche de ma famille. Alors, j’ai fait exprès de mettre la musique fort et de rendre l’ambiance un peu bruyante, pour obliger les gens à parler fort etc… 

Qu’avez-vous cuisiné ? 

Aaron Rosenthal : En fait, je voulais  absolument faire le timpano ( ndlr : plat traditionnel italien qui est une sorte de tarte avec des pâtes, du riz, de la viande, des légumes ) qui est le plat emblématique dans le film. Et, pour être honnête, c’était un défi pour moi. Parce que dans le film c’était vraiment très très gourmand avec des boulettes, plein d'oeufs etc… et donc je me suis dit, on va enlever ce côté là et on va le rendre un petit peu plus propre et plus léger. Et on utiliser des produits de qualité.

Après pour les autres recettes, je voulais vraiment revisiter des classiques américano-italiens comme par exemple la salade césar ou le garlic bread . Et pour l’entrée j’ai choisi de faire un risotto blanc au poisson, l’autre recette emblématique dans le film. Souvenez-vous, dans Big night, c’est le premier plat qui sème la discorde entre les clients et le restaurant. C’est cette discorde autour du risotto blanc qui lance l’histoire du film.

En fait, dans le film, quand le client américain voit le risotto arriver, bien lié, bien blanc, cuit comme il fallait et tout, il se plaint avant même de le goûter. Pourquoi?  Parce qu’il ne voit pas un gros morceau de poisson, ni des crevettes, ni des fruits de mer. Rien. Et c’est un risotto au poisson donc l’américain s'attend à ce qu’il y ait du poisson en quantité dans un risotto au poisson mais ne s’attendent pas que le risotto soit fait simplement avec un bouillon de fruits de mers bien assaisonné et savoureux. Bref, un truc très simple mais très vif.

Dans Big Night, deux frères essayent de relancer leur restaurant et pour cela, ils comptent sur la visite d’une star italienne, le chanteur Louis Prima, pour un dîner. Mais le soir même, le chef, Primo, a un énorme trac. Est-ce que cela vous arrive d’avoir le trac en cuisinant ? 

Aaron Rosenthal : Oui, oui... Moi, je me stresse tout seul comme cuisinier parce que je veux que ça soit parfait. Et parfois ça joue contre moi. Mes maîtres donnaient toujours des cours devant beaucoup de monde. Parfois il y avait 350 personnes qui assistaient aux cours. Donc, j’ai aussi toujours était devant beaucoup de monde… En fait, je stresse pas mal mais quelque part ça me donne de l’énergie aussi de voir des gens qui sont intéressés et contents de voir ce qui se passe quand je cuisine. 

J’ai dû regarder une trentaine de fois la série des Die Hard. C’est junk, mais c’est un film facile à regarder et que j’adore. Vraiment, j’adore ce genre de film d’action ! C’est un truc très américain, je crois. 

Allez-vous souvent au cinema?

Aaron Rosenthal : Pour être honnête, je ne vais pas assez au cinéma. Je suis pas si calé que ça sur les films en général.  Mais il y a des classiques que j’aime beaucoup… 

Par exemple ? Quel est le film qui vous fait vibrer ? 

Aaron Rosenthal : Mon film préféré est Jackie Brown parce que j’adore l’ambiance, la façon dont ça a été filmé, l’histoire, la musique, l’époque… Je suis un grand fan de Tarantino en règle général. 

Et ensuite, c’est un peu moins sophistiqué,  mais j’ai dû regarder une trentaine de fois la série des Die Hard. C’est junk, mais c’est un film facile à regarder et que j’adore. Vraiment, j’adore ce genre de film d’action. C’est très américain, je crois. 

Pensez-vous que le cinéma et la cuisine sont des arts qui peuvent communiquer ? 

Aaron Rosenthal : Absolument ! Dans le cinéma, on parle toujours de cuisine d’une manière ou d’une autre. C’est pas seulement des gens qui s’assoient dans les restaurants. Il y a toujours des références à des aliments, au goût, aux produits et cetera. Je pense que c’est aussi intéressant pour un cuisine d’aller chercher de l’inspiration dans le cinéma et dans les films. 

Comment définiriez-vous votre cuisine? 

Aaron Rosenthal : Je ne suis pas un cuisinier qui est bloqué dans un style. J’aime bien être un peu ouvert à tout. Dans les mots clés que j’aime beaucoup, il y a  la « fraîcheur ». J’aime aussi beaucoup « l’acidité » parce que ça rend les plats vifs et ça donne envie de manger. Enfin, j’aime la générosité. Pas dans le sens très gras et des trucs frits comme aux États-Unis, non. J’aime qu’un plat soi généreux en goût, généreux en saveur. 

ADRESSES

ADAR 

49 PASSAGE DES PANORAMAS, Paris 2

+33 (0) 6 64 49 18 68

L’Entrepôt 
7/9 rue Francis de Pressensé, Paris 14