Pouvez-vous revenir un peu aux origines de cette relation entre Chanel et le cinéma ? Pourquoi un attachement si long et régulier à cet art? Quels sont les enjeux pour la Maison ?

Gabrielle Chanel a été très tôt en contact avec l’univers du cinéma, en nouant des relations artistiques, professionnelles et personnelles étroites avec les grands réalisateurs de son temps. Dès ses débuts en tant que modiste dans les années 1910, elle entretient des liens forts avec la scène et habille les comédiennes qui contribuent à construire sa renommée. Mais la relation de CHANEL avec le cinéma a véritablement débuté en 1931, lorsqu’elle se rend à Hollywood à l’invitation du producteur américain Samuel Goldwyn, qui lui confie la création de costumes. À son retour en France, Gabrielle Chanel noue des amitiés avec certains réalisateurs et joue un rôle actif dans leurs carrières : ses amis Jean Cocteau et Jean Renoir, mais aussi Marcel Carné, Robert Bresson et Luchino Visconti.

Dans les années 1960, ses créations trouvent un écho dans la Nouvelle Vague. La simplicité de son style correspond parfaitement à ce courant et à ses actrices qui s'habillent en CHANEL à la scène comme à la ville, notamment Delphine Seyrig dans L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais et Romy Schneider dans le sketch Le Travail réalisé par Visconti pour le film collectif Boccace 70.

Tout comme Gabrielle Chanel, Karl Lagerfeld a lui aussi tissé des liens profonds avec de nombreuses personnalités du cinéma. Ses créations ont été immortalisées dans des films mythiques de grands réalisateurs tels que Pedro Almodóvar, Franco Zeffirelli ou Olivier Assayas.

Virginie Viard, qui a débuté en assistant la grande costumière de cinéma Dominique Borg sur Camille Claudel de Bruno Nuytten, avec Isabelle Adjani, s'inscrit aujourd’hui dans cette lignée. Elle fait naturellement appel à des cinéastes tels que Sofia Coppola et Anton Corbijn pour mettre en scène les collections qu’elle imagine pour CHANEL, tout en habillant les plus grandes actrices telles que Penélope Cruz, Margaret Qualley ou encore Margot Robbie.

En parallèle, CHANEL accompagne des institutions et des festivals de cinéma. La Maison soutient ainsi depuis plusieurs années l’Académie des César pour le projet des Révélations, le Festival du Cinéma Américain de Deauville ou encore le Festival Lumière consacré au cinéma de patrimoine. En 2021, CHANEL est devenu mécène de la Cinémathèque française. Cet attachement au septième art s’exprime aussi à travers la restauration de films tels que Les dames du Bois de Boulogne de Robert Bresson, L’année dernière à Marienbad d’Alain Resnais et dernièrement La Maman et la Putain, chef d’œuvre de Jean Eustache récompensé par le Grand prix du Festival de Cannes en 1973. Ce dernier a été présenté dans le Palais des Festivals le jour de l’ouverture du 75e Festival de Cannes, puis en salle à partir du 8 juin 2022.

Pourquoi s'associer à la restauration évènementielle de "La Maman et la Putain" ? Comment le film de Jean Eustache résonne-t-il avec l'identité de la maison ?

Ce film, entièrement tourné à Paris, est une œuvre rare, libre et emblématique du cinéma français des années 70. Pour des raisons de droits, il a été très difficile pendant plus de 40 ans de le voir sur les écrans. C'est donc un honneur pour la Maison CHANEL de participer à la restauration d'un tel chef-d'œuvre et de le rendre accessible au plus grand nombre.

Comment la maison choisit et mène ses investissements dans les films, selon quels critères ?

Les liens de CHANEL avec le cinéma s’expriment sur grand écran, au travers de tenues spécialement créées ou choisies dans les collections de la Maison, sur les tapis rouges mais aussi dans les relations privilégiées qu’entretient CHANEL avec certains réalisateurs et actrices. CHANEL continue de soutenir des projets cinématographiques forts et singuliers, en tant que mécène mais aussi en collaborant avec des costumières renommées. Parmi eux, il y a bien sûr Spencer de Pablo Larraín – dans lequel l’ambassadrice de CHANEL Kristen Stewart incarne la princesse Diana, qui s’habillait elle-même en CHANEL – ou Annette de Leos Carax avec Marion Cotillard, également ambassadrice de la Maison. Tous ces partenariats reposent sur des liens de complicité avec des cinéastes et des acteurs proches de la Maison et s’inscrivent dans l’engagement de CHANEL pour accompagner et soutenir la création cinématographique.